Projet Scol / Manifeste

" Scoliennes, Scoliens, manquerions-nous de courage ? "

Chères Scoliennes, chers Scoliens,
Les récents événements m'autorisent à sortir de mon devoir de réserve.
Je vous livre la diatribe suivante.

Le tribunal vient de décider la liquidation judiciaire de Cryonetworks. Cette société a été créée en 1998 pour exploiter commercialement la technologie Scol, développée initialement, dès 1996, en tant que projet r&d au sein de Cryo.

La société Cryonetworks a échoué dans sa tâche de commercialisation de la technologie. Ses nombreuses erreurs appartiennent désormais au passé ; c'est ce que le tribunal a décidé.

Reste la technologie Scol : doit-elle disparaître ?

De nombreuses voix, pme, universitaires, hobbyistes, journalistes, simples particuliers, ont manifesté pour Scol un vif intérêt, depuis les premières apparitions en 1998. Nombreux sont ceux également qui ont investi du temps et de l'argent pour développer des activités, lucratives ou non, à partir de cette technologie.

Aujourd'hui, une nouvelle page peut s'ouvrir, qui tire les leçons du passé. Ces leçons sont simples : la technologie Scol adresse de nombreux champs d'applications, dont la plupart sont encore prospectifs et non structurés. De ce fait, il n'est pas possible de déterminer un business model cohérent autour de l'utilisation de cette technologie. A l'époque où les startup étaient valorisées sur le nombre d'utilisateurs gratuits, la société Cryonetworks a fait le choix d'un business model structuré autour de l'audience d'une application Scol, et a ainsi introduit la notion de connexions simultanées. La bulle internet, en se dégonflant, a démontré l'erreur de ce raisonnement. Un logiciel Scol de simulation d'un groupe d'intervention de dix personnes rend-il moins de service que le 1001ème visiteur gratuit d'un site communautaire ?

La leçon est donc celle-ci : ce n'est pas la technologie Scol elle-même qui est valorisable, mais chaque application qui en est faite, et selon un modèle différent pour chaque type d'application.

Pourtant, malgré ses défauts, malgré ses faiblesses, la technologie Scol reste une oeuvre unique.

Tout d'abord, elle est une contribution technique importante pour le projet de recherche sous-jacent qui a animé ses auteurs dès l'expérience du Deuxième Monde. Ce projet de recherche peut se formuler ainsi, d'une manière certes un peu académique : "techniques et usages de la numérisation du synchrone".

La numérisation de l'asynchrone, c'est à dire principalement la numérisation des documents, a permis de développer toutes sortes d'outils de traitement qui augmentent les possibilités de l'Homme (moteur de recherche, bases de données, tableurs, ...). De même si on parvient à numériser les interactions synchrones, c'est à dire les interactions directes entre les utilisateurs, il sera possible de donner de nouvelles possibilités à l'Homme. C'est la vision du monde virtuel comme prothèse de l'Homme pour accéder à de nouveaux pouvoirs : pouvoir de créer, pouvoir de développer une activité, mais aussi pouvoir de rêver.

La technologie Scol possède d'autres atouts qui sont autant de centres d'intérêt potentiels : une technologie multimédia assez complète et pourtant légère, un langage de programmation simple et original, piochant dans les concepts des langages fonctionnels. La technologie Scol se révèle également pratique pour développer de petits utilitaires offline.

Aujourd'hui, les auteurs de la technologie Scol forment le projet suivant : placer la technologie Scol en opensource dans le cadre d'une association 1901, gérée par tous les amateurs et utilisateurs de cette technologie prêts à y consacrer un peu de leur temps. Cette association aurait pour but de développer et promouvoir la technologie Scol.

Passer Scol en opensource, c'est la conséquence logique de l'impossibilité de déterminer un business model rentable. La version Scol opensource serait ainsi librement distribuable, et sans limitation du nombre de connexions.

Passer Scol en opensource, c'est une double garantie : la garantie que ce à quoi nous avons contribué ne partira pas à la poubelle, mais aussi la garantie que chacun pourra continuer de développer ses activités et ses projets, sans craindre que la technologie sous-jacente disparaisse du jour au lendemain.

Pour cela, nous aurons besoin du soutient de tous, pour pouvoir récupérer la technologie dans les meilleures conditions, et sentir que ce ne sera pas un effort inutile.



Sylvain Huet (24/07/2002)





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